2011-2013
FONO FORUM, IHD
Marquant
Pour le grand public, Karol Szymanowski reste associé à ces illustres inconnus contemporains de Schönberg, Ravel et Stravinsky. Dans son exploration des œuvres de jeunesse du musicien polonais, Frédéric Vaysse-Knitter, 35 ans, livre une interprétation d’une incroyable densité pianistique, tant sur le plan de l’intensité que de la musicalité, dans un legato aux sonorités puissantes. La force évocatrice des mélodies et des thèmes l’emporte en effet légèrement sur le flot harmonieux des notes. Il s’en dégage une impression d’unité beaucoup plus marquée que chez Plagge ou Anderszewski, sans parler des générations plus anciennes, à l’image de Martin Jones.Dans son exploration des œuvres de jeunesse du musicien polonais, Frédéric Vaysse- Knitter, 35 ans, livre une interprétation d’une incroyable densité pianistique, tant sur le plan de l’intensité que de la musicalité, dans un legato aux sonorités puissantes.
PIANO NEWS, Anja Renczikowski – Frédéric Vaysse-Knitter livre une interprétation tout en légèreté et en profondeur, deux qualités essentielles au regard des œuvres réunies sur le CD. Avec cet opus, Frédéric Vaysse-Knitter offre un remarquable plaidoyer pour la musique de Karol Szymanowski. Il ne reste plus qu’à espérer que le public aura l’occasion de l’écouter plus souvent dans les salles de concert allemandes.
LA CROIX, Emmanuelle Giuliani
Szymanowski, puissant et fragile
Le jeune pianiste d’origine polonaise Frédéric Vaysse-Knitter défend avec brio la musique de Karol Szymanowski (1882-1937) dans ce nouvel enregistrement d’une rare cohérence et d’une grande beauté sonore. Comme il l’explique dans la notice, il aime en Szymanowski la manière dont le compositeur fait son miel des multiples influences qu’il a intégrées (Chopin,Liszt, Wagner …) pour composer ses propres paysages, aux perpétuels contrastes. La violence compacte de certaines pages (dans la Fantaisie opus 14 notamment) peut paraître parfois un peu démonstrative. En revanche, que de subtilité et de retenue dans les pièces plus mélancoliques, dolentes ou songeuses. Riche, maîtrisé, le jeu de Frédéric Vaysse-Knitter est de ceux qui voient loin donnant à l’auditeur, dès les premières notes, le sentiment d’un chemin à parcourir, d’un geste à accompagner.
PIANISTE MAESTRO, Stéphane Friedrich – Chopin, Scriabine, Reger… passent comme des ombres fugitives dans ce récital proprement réjouissant. Le toucher de Frédéric Vaysse-Knitter réunit les deux composantes essentielles à cette musique : la profondeur et la légèreté. Le jeu perlé, les résonances admirablement contrôlées, puis les déchaînements de passions nous conduisent vers une musique d’une sensualité extraordinaire. La Vème Variation de l’Opus 3 à la limite de la note blanche, le statisme envoûtant du Seconde Prélude op.I synthétisent la teneur de ce récital qui est un miracle d’émotions. Nous sommes bien arrivés aux limites extrêmes du romantisme, lorsque le piano s’enchante lui-même et se perd dans ses propres parfums. Il y a dix ans, Corinne Kloska (Soupir) nous offrait un récital d’une hauteur de vue comparable. Voici un nouveau joyau. Pourquoi entendons-nous si peu de Szymanowski en concert ? Mystère.
CADENCE, Michel Le Naour – Karol Szymanowski n’est pas que l’auteur de l’opéra Le Roi Roger. Frédéric Vaysse-Knitter, disciple de Kristian Zimerman, en apporte la preuve, donnant toute leur dimension à ces partitions pour clavier influencées par Chopin et le folklore, mais imprégnées d’un langage novateur (Fantaisie op. 14). Finesse de touche, subtilité de timbre, sens de l’architecture et panache, caractérisent cette interprétation porteuse de rêve, de mystère et de sensualité, à l’image de l’un des créateurs les plus importants du début du XXe siècle , à l’œuvre généreuse et chatoyante.
LES ECHOS, Philippe Venturini – Le pianiste français Frédéric Vaysse-Knitter a eu la bonne idée de réunir dans un Cd les premiers opus du compositeur polonais Karol Szymanowski. S’y lit l’influence de Liszt, de Scriabine et de Chopin : préludes, variations, étude, fantaisie, mazurka… Secondé par une prise de son généreuse, Frédéric Vaysse-Knitter révèle les sortilèges d’un lyrisme, presque impressionniste.
L’EDUCATION MUSICALE – Polonais par sa mère, Frédéric Vaysse-Knitter a entrepris de faire connaître les pièces de jeunesse de son demi-compatriote Szymanowski, autrement dit des pièces quasiment méconnues et qui méritent de ne pas le rester ! D’une grande virtuosité par moments, ces œuvres exigent un pianiste rompu à toutes les chausse-trapes et palettes chopiniennes, lisztiennes, schumanniennes, scriabiniennes ; s’y additionne la nécessité de mettre en relief des complexités d’écriture sollicitant les deux mains au-delà des conventions pianistiques du temps, et une pédalisation que Frédéric Vaysse-Knitter dose très intelligemment pour créer des nappes harmoniques tout en demeurant clair.
Si la Fantaisie op.14 est un chef-d’œuvre de “grand piano”, l’interprétation qu’en donne l’artiste en est un autre. Quelque soit l’écriture des pièces ici réunies, il en habite l’esprit avec une emprise qui ne se relâche pas une seconde. Sur un Yamaha CF III S favorisant des pianissimi chauds et riches, Frédéric Vaysse-Knitter timbre avec un son très prenant ce qu’il qualifie lui-même de « musique d’automne », expression profondément appropriée au caractère de ces pièces quoique paradoxale de prime abord, s’agissant du printemps d’un jeune compositeur.
Le livret inclut un entretien où l’interprète développe sa vision de Szymanowski, et la prise de son restitue fidèlement la personnalité du pianiste ainsi que son ample dynamique. Ce disque laisse une empreinte d’une qualité émotionnelle rare, et nous attendons la suite avec impatience.CONCERTONET, Didier Van Moere – A plus de quatre-vingts ans, Pierre Boulez enregistre Szymanowski. Frédéric Vaysse-Knitter aussi, de cinquante ans son cadet. Le compositeur polonais, peu à peu, fait son chemin en France, où il était bien connu de son vivant, entre les deux guerres. Le jeune pianiste a choisi, pour son récital, le premier Szymanowski, celui des années 1900 : rien d’impressionniste dans son programme, alors que seule la Première Mazurka représente la période « nationale ». Gageons que ce récital aura une suite, que lui-même annonce : ses origines polonaises ne le prédestinent-elles pas à Szymanowski, sur lequel il s’exprime, dans un entretien, en des termes très intéressants ?
La scriabinienne Etude op. 4 n°3, qui rendit Szymanowski célèbre malgré lui, témoigne d’emblée d’un heureux dosage du rubato, sans excès dans l’émotion, d’un sens de la poésie et du mystère, d’une structuration des plans sonores. Dans les Variations op. 3, le respect des nuances – Dieu sait s’il y en a, de tout ordre, chez Szymanowski – contribue à souligner la variété des couleurs, à éclairer la polyphonie, à concilier parfois l’humour et la nostalgie, avec un enchaînement bien pensé des différentes variations, sans renier le côté « fin de siècle » de la partition. Ce côté affleure encore dans les Préludes op. 1, où l’expression du sentiment est tempérée par le souci de la forme, signe du lien direct unissant Szymanowski à Chopin : on aime entendre ainsi les voix intermédiaires, notamment dans le Troisième, dont la polyphonie assume le lointain héritage de Bach. On pouvait s’interroger sur la place de la Première Mazurka : jouée comme si elle avait été composée à la même époque, elle perd son parfum montagnard et s’enveloppe de mystère. Pas de hiatus, du coup, avec le Prélude et Fugue, composés à quatre ans d’intervalle, qui se succèdent naturellement : le Prélude évite l’outrance dans l’effusion et n’offre pas une lecture trop verticale alors qu’il porte la marque du postromantisme Szymanowski ; la Fugue, jouée sur le ton de la confidence, évite la sécheresse du morceau de concours. La très lisztienne Fantaisie, enfin, si elle brille des feux d’un piano orchestral, garde une sorte de gravité mystérieuse, jusque dans son finale, et, surtout, préserve la clarté des lignes – quelle que soit l’œuvre ou la période, le secret de l’interprétation de Szymanowski, qui a fait ses classes auprès des grands maîtres allemands, réside aussi dans le rendu des voix intermédiaires.
ANACLASE, Jacques Dufour , Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
Auparavant, c’est en toute cohérence historique qu’ont résonné deux Nocturnes, Op.27 n°1 et Op.48 n°1, de Frédéric Chopin, référent évident, dont la technique comme les affects imprègnent largement l’écriture szymanowskienne au seuil du siècle nouveau. Ce sont des compositions emblématiques du romantisme, tourmentées et dramatiques, qui conviennent à merveille au jeu de l’artiste, lequel s’avère tout au long de ce concert d’une subtilité exceptionnelle. Si le toucher est franc, voire percutant – le corps à corps avec le clavier, « jusqu’au fond de la touche », nous renvoie loin d’un Chopin salonnard à la petite santé qu’on subit encore ça et là –, il est de surcroît aussi idéalement dosé (large palette dynamique, tenue limpide des harmoniques) que clair et délié, en particulier dans des aigus superbes agissant « jusqu’au tréfonds de l’âme ».
Frédéric Vaysse-Knitter est aussi un virtuose hors pair, ce que fait ressortir encore davantage la suite du programme. Derrière une courte remise en oreille (sixième Prélude de Szymanowski), il parcourt l’inspiration lisztienne du Polonais, ce qui nous vaut une incarnation mémorable de l’illustre Sonata quasi fantasia « Après une lecture du Dante » qui clôt le cahier Italie des Années de Pèlerinage. Loin de toute tentation tape-à-l’œil à quoi, avouons-le, le génial Hongrois se prête parfois, le pianiste français en magnifie, au delà d’une exécution techniquement parfaite, les rugosités novatrices, la monumentalité tout orchestrale comme la portée métaphysique. Tout cela avec le plus apparent naturel.LA LETTRE DU MUSICIEN, Nathalie Depadt Renvoisé – Petit moment de grâce au théâtre de l’Athénée à Paris avec le concert de Frédéric Vaysse-Knitter dans un récital consacré à Szymanovski, Chopin et Liszt.
Dès les premières notes (Szymanovski, Etude op. 4 n° 3), on ne pouvait qu’être séduit par l’univers singulier de ce jeune pianiste qui, sans sentimentalisme excessif ni désir affiché de plaire, a la capacité assez miraculeuse de saisir le public et de ne plus le lécher. Mélange subtil d’assurance et de fragilité, de douceur et de détermination, Frédéric Vaysse-Knitter s’affirrne comme un grand artisan de la sonorité et un pianiste capable de communiquer sa vision des oeuvres, de faire entendre ce qu’il a à dire et qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Avec un programme concocté autour du composlteur polonais Szymanowski (préludes de l’opus 1, Fantaisie op. 14), il a intercalé quelques pages de Chopin (deux nocturnes, op. 27 n° 1 et op, 48 n° 1) et de Liszt (Après une lecture de Dante), laissant apprécier la profondeur du son, la rondeur, la densité de son toucher et la cohérence de son jeu, autant de qualités qui en font un grand artiste. Un concert qu’il a voulu dédier aux victimes du séisme japonais, offrant en bis les Funérailles de Liszt et l’Aria des Variations Goldberg. Après le chaos, la paix, nous dit-il. Le message est passé.L’EDUCATION MUSICALE n°46, S. Falcinelli, Théâtre du Châtelet – (…) Puis vint Frédéric Vaysse-Knitter, invité pour promouvoir le programme Szymanowski de son récent enregistrement, et dès les premières notes, on fut saisi d’entendre l’émotion sourdre de ce clavier précédemment anonyme. La capacité de faire sortir un son profond (qui culmina dans les Funérailles précédemment décrites) d’un piano impersonnel révélait le grand concertiste. On ajoutera même que l’on assiste à un palier décisif dans l’éclosion d’une nouvelle dimension humaine chez ce pianiste de trente-cinq ans. Il était un musicien fin et intéressant, qui retenait notre attention depuis plusieurs années, il devient un artiste intense, apte à capturer son auditoire par la communication épanouie d’une pensée dense.
Au fil de l’Étude op.4 n°3, des Préludes op.1 n°1, 4 et 5, de la splendide Fantaisie op.14, Frédéric Vaysse-Knitter démontrait, avec une sensibilité que servait une conduite inaltérablement vigilante de son toucher, combien il avait raison de se faire l’avocat de ce compositeur (nous nous réjouissons qu’il projette de continuer ce parcours).
2005-2010
Voir aussi la presse étrangère
LA VOIX DU NORD, JP. L., Théâtre de Cambrai – Le chef d’orchestre et le pianiste furent sur la même longueur d’onde…
Il est vrai que le lauréat Juventus sait faire sonner un piano. Sa fluidité pianistique étant à l’égale de son élégance et de son panache, le public était aux anges. Frédéric Vaysse-Knitter leur offrit la première ballade de Chopin… Une ballade qui se teinta de lyrisme, de mélancolie et de passion pour un résultat simplement bouleversant…Une interprétation magistrale.FRANCE2- Les coups de cœur – L’homme qui avait un petit piano dans la tête jouait avec les notes et les mots. Un régal. Erik Satie était un compositeur à part. Il avait cette chance de faire de chaque événement quotidien et banal une source d’inspiration inépuisable pour sa fantaisie créatrice. Un don présent à chaque page de ce livre CD. […] Sa musique lui ressemble, incitant tantôt à la contemplation, tantôt au vagabondage sautillant. Une alternance dont rendent bien compte les 35 minutes de pièces musicales exécutées avec sensibilité par le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter. Le texte, raconté tout en nuances par François Morel, est, grâce à la plume de Carl Norac, en parfaite symbiose avec les humeurs de Monsieur Satie, tout comme les délicates illustrations teintées de bleu et de brun, parsemées de jaune, d’Élodie Nouhen. Un ouvrage si accueillant qu’on a du mal à en sortir.
LE PIANISTE, M.M. – Avec pour ambition affichée de rendre accessible à tous, y compris aux enfants, la musique classique, les Éditions Didier Jeunesse s’imposent et en imposent. C’est un bien bel objet que l’on tient là. Monsieur Satie, l’homme qui avait un petit piano dans la tête, (élu Grand Prix du disque pour enfant 2006 par l’Académie Charles-Cros et Prix Jeunesse Adami 2006), a une façon toute poétique et très juste de nous faire pénétrer dans l’univers musical du compositeur français. On pense à Prévert – «Monsieur Beethoven disait « pomme! pomme! pomme! pomme! Monsieur Satie préfère dire «poire ! poire! poire! poire! », mais aussi à Satie lui-même, personnage fantasque à l’humour décalé. Le récit fait la part belle à l’imaginaire et foisonne de trouvailles narratives où derrière l’absurde perce une réalité amère: la solitude et la pauvreté de l’auteur des Gymnopédies. Des illustrations à la présentation soignée de l’ouvrage, des choix musicaux à la qualité de l’interprétation (formidable Frédéric Vaysse-Knitter !), rien n’a été laissé au hasard. Le coup de coeur de la rédaction!
RESMUSICA.COM, Jean Luc Caron – Existe-t-il un espace de liberté interprétative entre le pianoforte authentique mais un peu rugueux et sec d’un Paul Badura-Skoda (Astrée) et la rare perfection presque rigide d’un Alfred Brendel (Philips) sur piano moderne?
Un jeune pianiste français d’origine polonaise, Frédéric Vaysse-Knitter, nous permet de l’affirmer dès l’écoute de son interprétation d’un choix de sonates de Joseph Haydn. Son parcours musical déjà balisé de belles rencontres et de fructueuses réalisations l’a suffisamment enrichi et mûri comme le prouve cette réalisation délicate et agréablement équilibrée. Son toucher léger et clair ne cherche pas la vaine virtuosité mais bien au contraire contribue à produire un son juste, un timbre séduisant et une expressivité sans boursouflure et respectueuse de l’esprit du maître autrichien.
Parmi la soixantaine de sonates pour le clavier composées par Joseph Haydn, Vaysse-Knitter en retient trois numérotées Hoboken XVI n°37, 49 et 52 auxquelles il ajoute les Variations en fa mineur Hob. XVII nO6 composées à Vienne en 1793 et dont l’autographe porte le titre de «Sonata ». Il s’agit d’une pièce d’envergure, dramatique dans sa dernière portion (Coda) dont l’écriture pianistique paraît en avance sur son temps au regard des longs trilles et de ses notes en grappes. Le choix de la Sonate en mi bémol majeur nO 59 (Hob. XVI nO 49) s’avère judicieux puisqu’il s’agit d’une des plus belles de la série (composée en 1789-1790) où se rencontrent une grande fluidité, une remarquable richesse de thèmes et une étonnante unité. On y perçoit également au sein de l’Allegro initial un rythme frappé qui semble annoncer le thème du «Destin» plus tard immortalisé par Beethoven. L’Adagio e cantabile central prévient le compositeur «possède une signification profonde que je vous expliquerai quand j’en aurai l’occasion … il est plutôt difficile mais plein de sentiment. » Haydn pour le Finale-Tempo di Minuet privilégie le rythme et ainsi anticipe, une fois encore, étonnamment, le Beethoven de la grande maturité. Les deux autres sonates sont abordées avec une véritable authenticité, rendant l’écoute de cet enregistrement fort plaisante et assouvissante.LE PIANISTE, L.P. – Faut-il y voir un signe des temps, les enregistrements consacrés aux Sonates de Haydn ne cessent de se multiplier. Au sein de cette abondante production, on n’hésitera pas à faire une place de choix au disque de ce jeune pianiste franco-polonais. Celui-ci joue Haydn avec une élégance jamais gourmée, une grande clarté de conception. Si dans l’Allegro de la grande Sonate Hob XVI.52, la main gauche n’a pas toujours le poids attendu, si l’Adagio sonne encore un peu contraint, le reste du disque séduit sans partage. Ainsi les Variations ne sont pas théâtralement surjouées mais simplement jouées, avec beaucoup de fraîcheur et d’esprit. Dans les autres Sonates, le toucher très clair, le souci du timbre et de la ligne confirment que ce pianiste est tout simplement un fin musicien.
THE LION, Claude Lamarque – Il est incompréhensible qu’un pianiste du talent de Frédéric Vaysse-Knitter n’ait jamais attiré plus l’attention sur lui, malgré une biographie assez remarquable. Dieu merci le distributeur Intégral a remarqué pour notre plus grand bonheur ce pianiste d’origine polonaise et vivant à Paris, et lui a demandé d’enregistrer ces Sonates et Variations de Haydn. La surprise est de taille car le toucher et la sensibilité de notre jeune pianiste font merveille dans des œuvres qui n’ont pas la réputation d’être faciles. Haydn, le père de la symphonie, était un compositeur complet qui pouvait tout exprimer à travers sa musique. Comme le rappelle à juste titre la pochette du disque, Mozart ne rendit-il pas justice à Haydn en écrivant : « Personne ne peut tout faire, amuser et bouleverser, provoquer le rire, le trouble et la profonde émotion et tout cela en même temps, aussi bien que Joseph Haydn ». Frédéric Vaysse-Knitter joue ces pièces dans cette approche et c’est un véritable bonheur.
LE MONDE DE LA MUSIQUE – A vingt et un ans, le jeune pianiste français Frédéric Vaysse-Knitter, formé au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris par Ventcislas Yankoff et Michel Béroff, s’attaque à l’un des répertoires les plus visités. Aujourd’hui, après avoir côtoyé Dimitri Bashkirov et György Sebök, il suit les conseils de Krystian Zimerman. Dans Chopin, il sait convaincre, et séduire par une élégance du toucher (Mazurkas op. 50), une sensibilité maîtrisée (Ballade n°4) et un sens de la pulsation (Fantaisie op. 49) qui appartiennent habituellement à des pianistes plus expérimentés. Dans les Mazurkas qui, par leur concision, exigent rigueur, perfection rythmique, variété de couleurs, Frédéric Vaysse-Knitter possède la grâce, la liberté, les « semelles de vent ». Dans la Fantaisie, les articulations parfaitement agencées donnent l’unité de l’œuvre. Dans Liszt, l’héroïsme épique des Funérailles ainsi que la progression de la Sonate « Après une lecture du Dante » affirment une connaissance du langage lisztien avec son cortège de silences, de récurrences thématiques, de vocalité éperdue et de dramatisation contrôlée. Le dosage de tous les paramètres, depuis la tendresse et la générosité jusqu’à la véhémence, est la marque d’un pianiste qui, dès son premier disque, se hisse à la hauteur des interprètes de référence.
Michel Le Naour